Lettre ouverte au président de la république par Cheikh Toure

Excellence, Monsieur le Président de la République, L’honneur nous échoit de vous présenter nos très sincères et chaleureuses félicitations pour votre brillante et historique élection à la magistrature suprême, à l’issue des scrutins qui se sont tenus le 24 Mars

2024. Puisse Allah, le Tout miséricordieux et le Très miséricordieux vous accorder sa protection, la sagesse et l’intelligence nécessaires pour mener à bien l’action de l’exécutif pour l’émergence de l’économie sénégalaise, la paix et le développement durable de notre cher pays.

Le dénouement de cette élection honore le label démocratique sénégalais dans une région d’Afrique de l’Ouest souvent défigurée par une gouvernance post-électorale insatisfaisante caractérisée par la corruption, le népotisme et l’insécurité galopante conduisant généralement à des coups d’état.

Excellence, Monsieur le Président de la République, Votre élection constitue, à n’en point douter, une marque de confiance placée en vous, mais beaucoup plus un message, celui d’un renouveau et d’un dynamisme prôné par le Président de votre parti, votre ex mentor, Ousmane SONKO à qui nous rendons nos hommages les plus déférents pour sa bravoure et son endurance sans bornes. Cette élection est sans nul doute l’aboutissement d’un long combat difficile et périlleux qui a donné lieu à différents épisodes de heurts, de pillages, de saccages et des pertes en vies humaines. Dans cette aventure rocambolesque vous avez été même conduit en prison en avril 2023 pour diffusion de fausse nouvelle, outrage à magistrat et diffamation envers un corps constitué, à la suite de la publication d’un post sur les réseaux sociaux où vous critiquez le comportement de certains magistrats. Plus tard, un jeudi soir, dix jours avant la tenue du scrutin, vous êtes libérés de même que votre compère Ousmane SONKO, ce qui a provoqué une liesse de milliers de jeunes descendus spontanément dans les rues de Dakar pour vous célébrer. Durant toute la période de campagne, l’effervescence battait son plein. A des heures tardives, parfois sous l’effet d’une très vive sensation de froid, une déferlante foule vous attendait partout. Cette affluence étendue s’est bien traduite dans les urnes.

Les résultats enregistrés vous ont faitvainqueur des élections au premier tour avec 54,28% des suffrages valablement exprimés. Le 25 Mars à 00h, les sénégalais vous ont offert le plus somptueux des cadeaux d’anniversaire: la fonction de Président de la République. C’est la première fois depuis l’indépendance du Sénégal en 1960 qu’un opposant l’emporte dès le premier tour. A 44 ans, vous êtes élu pour succéder le quatrième Président du Sénégal, son excellence Macky SALL et vous devenez le plus jeune Président de l’histoire du Sénégal, le quatrième en activité en Afrique. Certainement, entre vous et le chiffre 4, il existe une synchronicité presque mystique car la corrélation transcende la simple coïncidence.

Par ailleurs, quand Pierre Corneille, fait dire à Rodrigue, dans Le Cid: “Je suis jeune, il est vrai; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années*, il voulait exprimer le fait que le talent et les dons innés n’ont pas besoin d’attendre les années de maturité pour s’exprimer. De là, on peut aussi comprendre aisément que le professionnalisme n’est pas une affaire d’âge. Ce facteur n’a d’ailleurs pas arrêté les ambitions d’hommes et de femmes politiques qui ont réussi à se hisser à la tête d’un gouvernement ou d’un État avant même d’avoir soufflé leur quarantième bougie. L’inoubliable Capitaine Thomas SANKARA, l’exemple le plus illustratif est devenu Président du Burkina Faso à l’âge seulement de 33 ans. Sa défense passionnée de l’Afrique et de ses capacités à se développer par elle-même ont marqué plusieurs générations d’Africains, au-delà des frontières de son Burkina Faso natal. Aux côtés du Président Nelson Mandela, le symbole de la lutte anti-apartheid ou de Patrice Lumumba, leader de l’indépendance congolaise, Sankara est entré au panthéon des héros africains qui fascinent toujours la jeunesse. En quatre ans, il a réalisé, du point de vue de l’esprit, de l’évolution des mentalités, de la prise de conscience ce que d’autres n’ont pas réalisés en 50 ans.

Excellence, Monsieur le Président de la République, Dans un contexte social marqué par l’émergence d’attentes fortes en termes de changements et de réformes, les sénégalais vous ont fait confiance. Devant l’urgence des problèmes qui assaillent cultivateurs,éleveurs, artisans, commerçants, élèves, étudiants, enseignants,émigrés, chômeurs, vous êtes porteur d’un projet qui promet et dont la mise en œuvre doit être automatique, progressive et durable.

En raison de tout ce que vous avez voulu et réalisé avec la majorité des sénégalais à travers tant de peine, de larmes et de sang, mais aussi avec tant d’espérance et d’enthousiasme, il y a un lien exceptionnel qui vous investit et vous oblige.

Excellence, Monsieur le Président de la République, En guise de reconnaissance, vous avez le devoir de rendre au pays un rang honorable dans le concert des nations, de travailler exclusivement aux intérêts du Sénégal, des sénégalaises et des sénégalais dans le respect de la devise “Un Peuple -Un But – Une Foi.” Nul doute que vous serez à l’écoute du peuple dans toute sa diversité.

Répondre aux exigences de justice sociale, de progrès économique, de cohésion nationale et rétablir l’espoir auprès des composantes les plus dynamiques et les couches les plus vulnérables de notre pays serait également une des tâches à laquelle vous devez apporter tout votre savoir-faire.

Lors de votre investiture vous avez promis aux sénégalais, un changement systémique et plus de souveraineté. Désormais investi de la confiance de vos concitoyens, et porteur de leur espérance en un avenir meilleur, nous savons que vous n’aurez de cesse que de répondre à leurs attentes et de vous acquitter de la tâche historique qu’ils vous ont confiée: celle de bâtir un SENEGAL, démocratique, apaisé, prospère et occupant toute la place qui lui revient sur les scènes régionale et internationale. Nous sommes encore certains que la confiance dont vous venez de bénéficier vous offrira davantage de coudées franches pour initier et poursuivre les efforts en matière de bonne gouvernance et de droits humains, qu’il s’agisse d’égalité des genres, de lutte contre la corruption, de réforme du secteur de la sécurité et de la justice, de relever les défis sociaux et environnementaux, ou encore d’améliorer le climat des affaires.

Excellence, Monsieur le Président de la République,

Nous avons écouté avec toute l’attention requise votre premier discours à la nation ce mercredi 3 avril 2024.

En forte conscience des responsabilités qui vous incombent, vous avez posé les jalons de la résolution de certains maux qui contribuent à déséquilibrer l’économie nationale et à fragiliser les institutions notamment la justice. En ce sens, le Sénégal se doit de trouver des solutions réalistes à ses problèmes de gouvernance et de gestion des deniers publics.

A vrai dire, les défis auxquels le Sénégal doit faire face, sous votre direction, sont immenses. Avec l’aide de Dieu, vous pouvez y parvenir. Nous avons toujours cru et nous continuerons de croire que les épisodes fâcheux sont inscrits dans la marche de l’histoire, mais en définitive par nous ou par d’autres, la nature choisira pour elle-même et en elle-même ce qui survivra, c’est-à-dire ce qu’il y a de meilleur.

En formant à nouveau, des vœux sincères de plein succès dans la haute et délicate mission que vous a confiée le peuple sénégalais, nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en l’assurance de notre très haute et fraternelle considération.

Vive la republique du senegal !

CHEIKH TOURÉ

Citoyen sénégalais