Est-il pertinent d’enterrer le PSE? par Dr Saliou CISS,Coordonnateur départemental de la République des Valeurs LOUGA

Le 24 Mars 2024, les sénégalais ont plébiscité le candidat Bassirou Diomaye FAYE en le portant à la Magistrature Suprême avec un score confortable de 54,28% au premier tour de l’élection présidentielle.
Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, un opposant n’a réussi une telle prouesse.

Cette élection tourne la page BBY et ouvre une nouvelle, celle de la coalition Diomaye Président avec à sa tête le président de la République Bassirou Diomaye FAYE.
Nous lui souhaitons une belle réussite dans sa nouvelle mission qui est de conduire le Sénégal vers l’émergence tant attendue, surtout par la jeunesse sénégalaise.

Je loue également au passage la générosité de l’actuel premier ministre Ousmane SONKO qui l’a choisi pour piloter le projet et le mener à terme.
À travers cette décision, il a donné une belle leçon d’altruisme à la classe politique sénégalaise car peu de leaders politiques auraient accepté de faire la promotion d’un autre à leur place.

Nous étions habitués à un autre scénario où c’est le leader du parti qui se servait, sinon personne d’autre, au risque mener un projet mûri depuis de longues années à l’abîme.

Revenons maintenant sur l’élection de Bassirou Diomaye FAYE comme président de la République du Sénégal.
Je l’ai entendu dire que le nouveau référentiel est le “Projet” c’est-à-dire leur programme de campagne.
Je peux me tromper mais, un programme de campagne doit être transformé en plan de développement pour son opérationnalisation.
Pour cela, beaucoup de choses doivent être faites.
Il faudra :
Mettre en place le cadre institutionnel et réglementaire, former les ressources humaines chargées de son exécution et faire une évaluation des risques liés à son exécution.
Fixer un but ultime ou horizon et procéder à son séquençage c’est-à-dire les étapes qui doivent conduire à sa réalisation complète.
Le décliner en projets et programmes, dans une cohérence parfaite.
Cela peut paraître simple à première vue mais, c’est un vrai travail de spécialiste.
Connaître les orientations et objectifs d’un programme ne suffit pas à pouvoir le réaliser.
Il est nécessaire de disposer d’un cadre adapté, des ressources humaines de qualité, des moyens financiers, etc.

Je ne dis pas que c’est irréalisable mais ça demande du temps et des moyens or le gouvernement actuel a hérité de beaucoup d’urgences.

Ma question est la suivante : est-ce qu’il est pertinent d’enterrer un PSE (Plan Sénégal Emergent) qui est à son troisième PAP ( Plan d’actions prioritaires) et à onze ans de son horizon fixé à 2035?
Autre chose le PSE nous a coûté beaucoup d’argent, faudrait-il tout enterrer pour réinvestir dans un autre plan de développement ?
Il faut aussi reconnaître que le PSE est une machine de guerre redoutable qui nous a valu beaucoup de réalisations que même les nouvelles autorités reconnaissent.

Pourquoi donc changer de référentiel de politique économique et sociale alors que celui en vigueur à leur arrivée au pouvoir avait commencé à porter ses fruits :
l’équité territoriale et sociale a commencé à prendre forme, contrairement à ce que soutiennent certains ;
la formation professionnelle devient une réalité à travers tout le pays (CFP, CRETEF, etc.);
la validation des acquis de l’expérience qui offre une seconde chance à nos ouvriers;
les hôpitaux modernes construits à l’intérieur du pays;
les infrastructures routières (autoroutes, BRT) et ferroviaires (Train Express Régional) qui ont fait des problèmes de mobilité un vieux souvenir ;
Le nombre d’universités qui a connu une augmentation considérable, en plus des ISEP ;
les ponts modernes qui ont permis de désenclaver des zones comme Foundiougne.
Le Plan National d’aménagement et de Développement des Territoires qui est un très bon instrument de planification spatiale est venu régler définitivement le problème de l’occupation du territoire.
La liste est longue.

Même si aucun candidat n’ose se présenter à une élection sans programme de campagne, rien ne l’empêche de s’approprier un plan existant, s’il est bon

Mon avis est que le PSE est bon, très bon même, en témoignent les innombrables réalisations visibles partout à travers le Sénégal.
Son approche holistique, avec l’humain au cœur, conforte cette affirmation, contrairement aux plans sectoriels que le Sénégal a connus antérieurement.

Les nouvelles autorités ont fait de la rationalisation des dépenses publiques, de la transparence et de la redevabilité leur cheval de bataille.
À mon avis, conserver le PSE en l’améliorant pourrait être une façon de s’inscrire dans cette logique.

Chères autorités nouvellement élues, votre légitimité ne fait l’ombre d’aucun doute, donc il vous faut aller vers l’essentiel qui est de régler les urgences des sénégalais.
Comme disait Deng Xiaoping : “Peu importe qu’un chat soit noir ou blanc, l’essentiel est qu’il attrape la souris”.

Autrement dit, on vous attend beaucoup plus sur vos résultats quels que soient les moyens d’y parvenir.

Dr Saliou CISS,
Coordonnateur départemental de la République des Valeurs LOUGA